La diffusion par porteur sain des maladies du voyage
Un grand nombre de maladies du voyage n’entraînent pas de symptômes cliniques chez les sujets infectés. Le « portage sain » de ces maladies constitue dès lors un vecteur de transmission majeur qui reste difficile à contrôler.
Typhoïde
Au 20e siècle, Mary Mallon, une cuisinière américaine, est devenue tristement célèbre pour avoir transmis la fièvre typhoïde à un grand nombre de personnes chez qui elle travaillait, alors qu’elle n’avait jamais développé de symptômes de la maladie. Surnommée « Mary Typhoïde », elle est la première porteuse saine identifiée par les scientifiques américains. Comme elle, de nombreux sujets asymptomatiques peuvent développer une forme chronique de typhoïde au niveau de la vésicule biliaire ou de l’appareil urinaire et continuer à excréter la bactérie dans les selles ou les urines. En cas d’hygiène insuffisante (mains mal lavées après défécation ou miction), elles peuvent alors transmettre la maladie à leur entourage via les aliments ou boissons qu’elles ont contaminés. Il peut également arriver que la typhoïde se transmette entre enfants par contact direct lors des jeux ou entre adultes dans le cadre de rapports sexuels oro-anaux.
La typhoïde une maladie du péril fécal. La transmission peut être directe interhumaine, mais le plus souvent indirecte à partir de l’eau ou d’aliments contaminés : coquillages, fruits de mer, légumes crus contaminés, aliments manipulés par un porteur de bactéries.
Après guérison d’une fièvre typhoïde, 2 à 5% des individus continuent d’héberger l’agent pathogène (essentiellement au niveau de la vésicule biliaire) et sans signe clinique. A partir de ce réservoir, les bactéries sont excrétées épisodiquement dans les selles et peuvent être donc à l’origine de nouvelles infections de l’entourage.
La prévention repose sur la lutte contre le péril fécal, le respect strict des règles d’hygiène pour tous les travailleurs du milieu de la restauration ainsi que la vaccination lors de certains voyages à risque.
Arboviroses
Dans la majorité des cas, les arboviroses sont asymptomatiques.
Pour se protéger et éviter de se faire piquer par des moustiques dans les régions où des cas de chikungunya, la dengue ou le zika ont été signalés, les bons gestes à adopter sont :
- porter des vêtements amples et couvrants ;
- utiliser des répulsifs anti-moustiques ;
- dormir sous une moustiquaire ;
- brancher des diffuseurs électriques ;
- utiliser des serpentins à l’extérieur.
Ces maladies virales, transmises par des moustiques vecteurs du genre Aedes, sont majoritairement tropicales mais peuvent être transmises en Europe et en France métropolitaine par le moustique Aedes albopictus (appelé aussi moustique tigre), implanté dans la majorité des départements et qui continue son extension sur le territoire métropolitain
Quelles sont les recommandations sanitaires en provenance ou au retour de régions où circule le virus ?
Une personne infectée est « contaminante pour les moustiques » au moment où le virus est présent dans son sang (phase virémique, d’une dizaine de jours environ). Aussi, pendant les 15 jours suivant le retour de régions où des cas ont été signalés, il est recommandé :
- de consulter un médecin en cas de fièvre, douleurs articulaires, douleurs musculaires, maux de tête, d’éruption cutanée avec ou sans fièvre, conjonctivite et de lui indiquer de quelles régions on revient ;
- de continuer à se protéger contre les piqûres de moustique pour éviter qu’un moustique de type Aedes ne soit contaminé à son tour par un virus Chikungunya, Dengue ou Zika. Il pourrait alors transmettre le virus à d’autres personnes, lors d’une piqûre.
Amoebose (amibiase)
C’est une maladie du péril fécal. Dans les régions endémiques, la prévention repose sur l’amélioration des conditions d’assainissement et d’hygiène par la lutte contre le péril fécal (maîtrise de l’eau et des excrétas) et sur l’éducation sanitaire (lavage des mains).
En France, la maladie est rare. Les cas sporadiques recensés correspondent à des importations par des voyageurs au retour de zones d’endémie.
Les sujets porteurs de kystes amibiens sans le savoir peuvent contaminer leurs proches en cas d’hygiène insuffisante :
- de façon directe, via les matières fécales ;
- de façon indirecte, via des aliments ou boissons contaminés par leurs selles ;
- dans le cadre de pratiques sexuelles avec un contact anal.
Hépatite A
Un quart des patients infectés par ce virus sont asymptomatiques. Ces formes asymptomatiques sont notamment très répandues chez les enfants : 80 % des moins de 3 ans et 60 % des moins de 5 ans sont infectés sans développer de signes cliniques de la maladie.
La transmission peut se faire soit directement au contact d’un malade, le plus souvent par l’intermédiaire des mains souillées. Elle peut également se faire de manière indirecte par la consommation d’eau (de boisson) ou d’aliments contaminés (crudités, coquillages, par exemple).
Une transmission du virus a également été observée lors de relations sexuelles, en particulier chez les homosexuels masculins.